Risques naturels
L’actualité démontre au quotidien que les Ehpad peuvent être confrontés à des inondations, des événements habituels aux conséquences potentiellement graves. Quelles sont les précautions à prendre, l’organisation spécifique et les actions de prévention à mettre en place ? La solution Inondations massives dans le Var en 2011, tempête Xynthia en 2010 ou débordements dans les Alpes-Maritimes en 2015…
La France est particulièrement exposée aux risques naturels d’inondation. Un habitant sur quatre et un emploi sur trois seraient directement concernés. Les quatre niveaux de vigilance : NIVEAU 1, vert : pas de vigilance particulière requise ; NIVEAU 2, jaune : phénomènes météorologiques habituels dans le département (vent, orages d’été) pouvant être occasionnellement et localement dangereux ; NIVEAU 3, orange : prévision de phénomènes météorologiques dangereux ; NIVEAU 4, rouge : phénomènes météorologiques dangereux d’intensité exceptionnelle prévus.
En Ehpad, trois situations peuvent se présenter
– Une inondation brutale sous forme de crue torrentielle ;
– une montée lente ;
– une inondation des voies d’accès.
Le plan bleu rédigé sous la responsabilité du directeur permet d’estimer rapidement la gravité de la situation, d’évaluer les besoins de l’Ehpad et des moyens dont on dispose pour mettre en œuvre rapidement et de manière cohérente les actions listées dans des fiches réflexes.
La mise en sécurité des résidents, modus operandi
Le plus préjudiciable dans une inondation est la mise en danger des résidents et du personnel. Viennent ensuite les dégâts matériels : bâtiments, équipements, réserves médicales et techniques. La sécurité des occupants constitue une priorité en Ehpad. D’où la nécessité de prévoir la ressource en personnel et la répartition des tâches par ordre chronologique pour le recensement des résidents concernés, leur préparation et leur mise en sécurité. Leur évacuation dans les étages supérieurs hors d’atteinte des eaux peut être décidée.
L’ordre d’évacuation de l’établissement
Six conditions suffisent pour qu’un établissement soit évacué de manière progressive ou différée :
– une inondation de surface ;
– une coupure durable de courant électrique ;
– un arrêt de l’alimentation en gaz ;
– une rupture d’approvisionnement en eau potable ;
– une interruption de chauffage durable ;
– une non-accessibilité par la route.
Le transfert vers d’autres structures (Ehpad, hôpitaux) situées à proximité ou sur des communes voisines est organisé en lien avec l’ARS, la préfecture et la mairie. Un plan d’évacuation par bâtiment ou par étage est à prévoir avec un ordre d’évacuation par unité, par type de résident selon sa dépendance et par moyen de transport à utiliser. Néanmoins, cet ordre préétabli sera adapté en fonction de l’arrivée des transports.
La mobilisation dans l’ordre
On devra aussi recenser le personnel et les besoins en matériels en lien avec le Samu, le service départemental d’incendie et de secours (Sdis) et l’ARS. Il s’agira d’accompagner les résidents évacués sans oublier de recenser les éventuels visiteurs, qui seront, quant à eux, évacués par leurs propres moyens. Mieux vaut privilégier le regroupement des résidents sur un même lieu. Dans la mesure du possible, des accords avec des structures similaires ou des conventions avec des établissements de santé permettront l’accueil des résidents. Il faut les alerter au plus tôt et préciser avec eux les capacités d’accueil lorsque l’ordre d’évacuation est donné.
Le suivi des résidents évacués
Chaque résident doté d’un dossier de liaison urgences (DLU) sera identifié par un bracelet individuel avec ses prénom, nom, date de naissance et les cordonnées de l’établissement. Enfin, l’établissement de départ devra être bien identifié avec l’heure de départ et le moyen de transport, tout comme celui de l’heure d’arrivée et d’accueil, ainsi que le matériel qui suit (médicaments, boîtier nominatif, stock pour 48 heures). Il faudra assurer l’orientation des patients, leur placement en lien avec l’ARS et la préfecture, ainsi qu’un soutien psychologique pour certains et une information des familles.
La protection du bâtiment et des équipements
Lorsque l’alerte inondation est donnée, on dispose alors de 72 heures pour organiser les derniers détails, monter dans les étages les matériels sensibles dangereux ou polluants. Avant l’évacuation totale du bâtiment, il faut s’assurer que le site vide est sécurisé par la fermeture du gaz et de l’électricité, la fermeture à clé des locaux et la mise en sécurité des équipements et produits de santé, le matériel informatique et les biens personnels des résidents. Si les délais, les moyens et les ressources humaines l’autorisent, des dispositifs temporaires de protection peuvent être prévus. Lorsque la hauteur de l’inondation n’excède pas un mètre, la mise en place de batardeaux va fortement limiter sa pénétration en obturant partiellement l’embrasure d’une porte ou d’une fenêtre. Des sacs de sable posés à plat dans le sens de la longueur par rapport au sens d’écoulement prévisible constituent une barrière. Enfin, des capots mobiles sont à placer devant les petites ouvertures (entrées d’air, soupiraux).
Après l’inondation
L’inventaire des dégâts matériels et des équipements permettra d’envisager, soit une reprise normale à court terme sur un mode normal ou dégradé, soit une interruption durable des activités. Il faudra informer la mairie et les autorités sur la situation de l’établissement, les mesures prises pour la remise en état des biens et la poursuite des activités. Enfin, au retour des résidents, il s’agira d’évaluer l’impact sur leur état de santé.
Les actions de prévention du risque inondation
Le directeur veillera à renforcer le niveau d’information et à promouvoir les comportements adaptés de ses collaborateurs, concernant les différents seuils de vigilance et d’alerte météorologique. Les propriétaires des Ehpad doivent mener une analyse détaillée de la vulnérabilité des rez-de-chaussée et sous-sols situés en zones réglementées du plan de prévention des risques (PPR) et, ou à proximité de cours d’eau ou de points bas, dont l’inondation pourrait faire des victimes. Le directeur devra s’assurer que l’établissement n’est pas dans un secteur inondable. Il se rapprochera des services de la préfecture pour consulter le plan particulier des risques inondation (PPRI) et de la mairie, pour prendre connaissance du plan local d’urbanisme (PLU) et du plan communal de sauvegarde (PCS). Autant d’outils qui vont améliorer la prise en compte des effets dévastateurs des ruissellements.
Sources : les instructions du Gouvernement relatives à la prévention des inondations et aux mesures particulières pour l’arc méditerranéen face aux événements météorologiques extrêmes, 31 décembre 2015 ; le référentiel de travaux de prévention du risque inondation dans l’habitat existant, ministère de l’Égalité des territoires et du Logement, ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, 2012.